samedi 17 mars 2012

Voyage de 6 minutes à 120 millions d'années lumières , sans radiateur ni ventilo !

Bonjour à tous,

Un spot écrit depuis Vicuna au nord de Santiago. Le tête dans les étoiles et les mains dans le moteur. Désolé pour les fautes, clavier QWERTY de cybercafé oblige.

Nous sommes arrivés à Santiago du Chili, la ville où nous aurions du vivre durant 3 années... La vie en a décidé autrement, c'est ainsi , c'est peut-être aussi mieux ainsi.



Nous y avons tout d'abord bivouaqué au pied du très beau (et grand) « parque metropolitan ». Bivouac parfait : en pleine ville mais dans un lieu tranquille et de verdure dans le joli quartier résidentiel de Providencia. Nous nous sommes promenés en taxi et à pied dans la ville, avons visité la bibliothèque et le Cerro Santa Lucia puis mangé un énorme crabe royal le fameux centolla à l'envergure d'1 mètre au mercado central en face des halles aux poissons. Vous pourrez admirer Laïla avec une toque de cuistot portant par ses longues pinces très caractéristiques « la bête » cuite pour notre plus grand bonheur. En à peine plus d'une heure nous avions tout mangé. Heureusement qu'il est décortiqué devant et pour nous. Notre gourmandise ne fût ralentie que par les 2 piscos saur que Sandrine a but , et comme ses yeux pétillaient je me suis forcé à la rejoindre, il faut savoir se sacrifier pour la paix du ménage...

Le lendemain un autre tour en ville. Mais l'après-midi nous voulions randonner dans le parc métropolitain pour monter à son sommet, le Cerro St Cristobal. Les sentiers longs et nombreux sont finalement assez sauvages si l'on s'écarte des senderos les plus empruntés. On s'est même un petit moment retrouvé en zone vraiment sauvage en prenant un sentier forestier très peu marqué sur le versant nord du cerro. Il faisait très chaud. Mais si ce parc nous a semblé agréable et sauvage, les alentours de Santiago sont une explosion de montagnes. Un sommet est même à portée du randonneur en 30 minutes de voiture. Les premières stations de ski sont a 1:30 et l'océan de même. Un peu comme chez nous...

Il faut dire que depuis que nous avons approché le sud de cette région de production de vin avant Santiago, le grand beau : temps chaud et sec est de retour ! Retour brutal sans transition, pas simple de s'y habituer aussi vite... Nous sommes aux prémices de l'automne ici, mais nous avons vraiment l'impression d'être comme en été. On en avait bien besoin ! La remonté sous la pluie du grand sud Chilien (très beau même sous l'eau) nous avait rassasié d'humidité.

Puis enfin arrive le signe que nous attentions de Karine et Laurent et leurs enfants. Nous n'avions pas vu Karine depuis près de 15 ans ! Depuis un we chez moi quand je vivais à La Rochelle. Karine était venue passer le we avec Virgine , Raph et mon frêre Yann. Cela ne nous rajeuni pas mais les retrouvailles furent très chaleureuses. Ils vivent expatriés pour le travail de Laurent (il s'efforce d'installer une centrale de retraitement des eaux usées) à Santiago dans le quartier des Français tout proche du Lycée St Ex.

Près de 3000 enfants y sont scolarisés depuis la 1ère de maternelle jusqu'au bac. Environs 10% sont des français expatriés. Nous irons chercher les enfants de Karine et Laurent à l'école et en profiterons pour faire le plein de qq livres à la librairie française qui fait face au Lycée.

Le Chili possède une grande communauté francophone. Il y a 2 lycées à Santiago mais les grandes villes y compris au sud comme Osorno possèdent son école Française. Très souvent les enseignants sont des Chiliens francophones ou des Franco-Chiliens. Il y a aussi qq enseignants expatriés. Dans les villes de province les consuls honoraires qui sont des Français, ou "descendants de", vivants depuis longtemps dans le pays. Mais dans ce dernier cas ils ne peuvent, par exemple, organiser des élections françaises présidentielle pour les français expatriés car ils n'ont pas la nationalité. Les consuls honoraires ne sont pas rémunérés la plupart du temps. Seuls leurs frais liés à leur mission sont pris en charge. A la grande différence des fonctionnaires. Il ne faut donc pas confondre « le Consul de France » et « les consuls honoraires de France ». Ces derniers répondent bien au Consulat ou à l'Ambassade de France et en sont les antennes locales pour aider les compatriotes. Les voyageurs se doivent de connaître leurs noms et coordonnées. Car ce sont très souvent des personnes riches de la culture du pays et toujours prêtes à nous aider ou à simplement partager un moment. Ils ont donc souvent une participation active dans ces écoles françaises ou dans les Alliances Françaises. Nous avons eu le plaisir d'en rencontrer deux. A El Calafate , Sandrine fût même invitée chez Claudie Thevenot la consule honoraire très sympathique vivant depuis 22 ans en Argentine. Puis nous sommes allés chez Guy Broussaingaraye le consul honoraire d'Osorno au Chili. Professeur de musique au Lycée Français et responsable de l'Alliance Française d'Osorno (une très belle villa traditionnelle en bois d'alerces). Et sympathique anecdote, nous avons sans doute un ancêtre commun car il y a des Pezeron dans sa famille proche. Ce patronyme Breton étant très peu répandu en France, on y travaille...

Donc chez nos amis a Santiago, Laurent nous a fait un bon BBQ, j'ai même appris une nouvelle façon de le démarrer et d'entretenir les braises sans s'en occuper !!! A bon entendeur... Accompagné d'un bon vin chilien évidement et d'un pisco saur (on commence à se demander si on ne le préfère pas à la caïpy Brésilienne, il faudrait qu'on en regoute pour comparer...). Karine le confectionne blanc d’œuf et tout et tout, hum... Les filles ont adoré pouvoir rejouer avec des copines. Et se plonger dans la piscine !

Voilà, comme toute bonne chose a une fin, il a fallut quitter nos amis et reprendre la route du nord.

Nous sommes passés par le domaine viticole Emilia pour déguster son fameux Coyam. Un vin bio. J'avais adoré ma première dégustation quand j'y étais venu à l'occasion d'un déplacement professionnel avec François et Elizabeth des amis français qui vivaient à Santiago a l'époque. Toujours aussi bon ce vin fait en biodynamique et cette propriété est magnifique.

Nous sommes descendus (Santiago est à environs 800m) sur la cote à Valparaiso. La ville-port grouillante de vie siège de l'Armada (la marine Chilienne, un client de TM), aux magnifiques cerros (collines) flanqués de maisons en tôles colorées toutes aussi dépareillées les unes des autres mais formant un ensemble charmeur qui nous séduisit tout comme Pablo Neruda qui trouvait "sa" ville comme sortant perpétuellement de nuits agitées : "n'ayant pas eu le temps de se coiffer". La lumière et surtout la dizaine de funiculaires de bois nous emportent bringuebalant sur les fortes pentes. Certains des cerros abritent les meilleurs restaurants de la ville ou encore des maisons curieuses comme le musée du dessinateur bédéiste cynique Lucas. Une vue magnifique sur la baie. Une superbe corvette matée, centenaire sans aucun doute, nous obligea à pousser la chanson : « c'est un fameux trois mats... ». Mais la seule chose que l'on a "hissé haut" ce fût le coude pour un pisco saur de plus accompagné de machas gratinées au parmesan.

Le temps passe et le retard pris lors des voyages parisiens doit être récupéré. Il nous faut monter vite au Perou sans quoi il sera difficile d'arriver fin juin à Carthagène sur les rives de la caraïbe Colombienne. Port d'où Pancar rentrera en France. Et nous en avion.

Nous quittons donc Valparaiso (et le parking « sin cielo » où nous avons passé la nuit) par la route 5 la fameuse « Panamericana » qui débute en Alaska et se termine à Quellon sur l'ile de Chiloé.

Le hasard à fait que sur un péage, nous avons croisé Raymonde et Jean deux retraités français sur la route. Nous les avions vu à El Calafate. Moment de partage autour d'un bon café.

A l'occasion d'un plein d'essence (ici toutes les stations sont wifi ou presque) je constate sur l'internet que des amis Tatiana et Damien avec qui nous avions passés la Noël à Ushuaïa sont tout proches. Mais le temps passe et ne sachant où ils étaient précisément, nous décidons de reprendre la route... Ce sera pour une autre fois

Nous montons encore le long de la cote. Et la température monte avec nous. Nous arrivons à La Serena.
C'est une ville très connue pour les astronomes en culotte courte ou avec longue barbe. En effet, d'ici, une route monte vers la frontière Argentine et la haute cordillera (le paso n'est pas loin de l'altitude du Mt Blanc). Elle passe devant les plus nombreux et plus grands télescopes du monde. Nous prenons donc ce chemin.

Après une 30aine de km au pied d'un barrage, nous dégusterons les meilleurs « hellados » depuis le Brésil. Les fruits comme le manjar ou le copao (fruit d'un caktus) acidulé et sucré constituent deux des nombreux parfuns étranges mais excellents (Sandrine a pris pisco saur évidement). Nous dégusterons même un copao gelé avec du sucre. Miam.

Plus on monte et plus il fait chaud. Où est donc passé la règle : -6°C / +1000m ! Enfin nous voilà au village de Vicuna et sa charmante église mais surtout point de départ vers notre premier observatoire : Del Pangue. Le directeur Eric est un astrophysicien français passionné de faire partager son ciel en français dans le commentaire. Rendez-vous est pris le soir même à 20:00 pour monter à 1800 m par la piste.


Et la Hic !


Dans l'un des derniers virages en pleine montée cahotante, Pancar nous fait un bruit sec et sourd suivi assez rapidement d'une montée rapide de la température ! Que pasa ?

Je signale au minibus qui nous précédait de notre incident. Il continu sa route vers l'observatoire avec ses clients. Eric redescendra qq minutes après en voiture. Je lui annonce que je perds à grand flot par le bas moteur le liquide si nécessaire à son refroidissement. "Mierda !" (avez vous déjà remarqué comment un gros mot exprimé dans une langue étrangère s'en trouve plus digeste ?). Nous ne ferons pas ce soir la visite des étoiles mais celle de la mécanique après avoir couché tout le monde dans un Pancar en pente !

La frontale me montra de sérieux dégâts. Et le pire, je n'avais plus une bière au frais. C'est le premier vrai incident du voyage. Jusqu'à présent nous avions bien eu qq bricoles mais franchement pas de quoi passer un diplôme de mécano. Là, sous un ciel absolument limpide et hallucinant d'étoiles, il me semblait tout à coup que nous avions perdue la notre.

Le ventilateur n'existait plus.

Son moyeu était toujours bien vissé en bout de vilebrequin, quand aux pales, des bouts de plastique balisaient maintenant le « ripio » en terre depuis qq mètres. Le petit pouçet revisité par Pancar. Je lui en ai voulu un moment. Une caillasse avait du sauter pour rompre les pales. Mais le pire n'était pas là.

Des hippies retraités et très sympathiques en recherche d'énergie vivant donc ici à demeure sous la tente (il faut dire qu'il ne pleut jamais et les jours de nuage ne dépassent pas la 20aine par an, l'un des ciels le plus souvent visible pour les étoiles) le lendemain nous donnaient des gâteaux de sucre, puis des étatsuniens (je préfère à des "américains") nous abreuvèrent, tout aussi sympas. Vivants eux aussi plus haut dans la montagne (la jeune femme était une photocopie agrandie de Valérie une collègue). Ce n'est pas qu'on manquait de vivre mais les problèmes des gens attirent la gentillesse et l'entraide des autres. C'est une leçon de ce voyage. Nous aidons aussi souvent que nous le pouvons. Ces deux couples nous ouvrèrent leurs portes.

Nous n'en aurons pas besoin, car Mario n'existe pas que sur DS ou Playstation. M'enfin !

Eric le directeur de l'observatoire nous envoya le lendemain un taxi. Le conducteur sera mon aide de camps toute l'après midi. Tout d'abord un a/r à Vicuna (34 km) pour téléphoner à IVECO de La Serena. (IVECO ils sont partout en Am du Sud). Pas de chance on arrive pas à les joindre. Je décide d'acheter du liquide de refroidissement , puis de remonter et de vérifier l'origine de la fuite. On remonte (17 km) et le liquide se vide à grands flots. J'identifie : c'est une pale du ventilateur qui a percutée le radiateur proche de la boite à eau latérale gauche. "Mierda !" On peut réparer je sais mais pas partout. Le taxi me dit qu'il connait un gars à Vicuna qui sait faire. Je démonte la calandre, le radia du Turbo (l'intercooler) , les durites, puis le radia du moteur sort du ventre de Pancar. Heureusement que mon aide de camps est là on va plus vite. On redescend à Vicuna. Là on passe au bar j'en peu plus, « una lata de cristal por favor » (la bière locale). Je passe au cybercafé. Prends le bon numéro de IVECO. Téléphone , ouf ils auront le ventilateur mardi matin. Nous sommes vendredi après midi. On passe ensuite chez le "mécanoradiator". Un visage sympathique nous accueille : sa fille. Le Padre n'est pas là il faut revenir Lundi. Je pleure le taxi m'y aide , on pleure à deux. Le padre arrive en bicyclette. Rigolard, il nous dit qu'en « une horatita » ce sera réparé. Et pourtant les 3 tuyaux percés ne sont pas très beaux à voir. J'ai confiance, le gars à l'air sérieux. Une heure après et 2 cristals de plus. Le radia est là devant mes yeux, incroyable pour 20€ ! On remonte (re 17km de piste , le paysage est magnifique la nature est belle, on aperçoit même la coupole de l'observatoire Gemini l'un des plus grands du monde : un miroir de 8m de diamètre !). Bref je suis sur un nuage, notre étoile revient même en plein jour, si si, et plus vite que je ne l'imaginais. Houellbecq n'avait pas assez étendu "le domaine de sa lutte" car comme on dit ici "après la pluie le beau temps", surtout qu'il ne pleut jamais. Bon c'est vrai qu'à la différence de Houellbecq, la montagne je l'ai faite en taxi pas à vélo.

Je retrouve mes outils, ma famille, les enfants en plein jeu, Sandrine sirotant un café con leche au balcon me raconte tous les passages compatissants et aidants de la journée.

Hop on reprend le chemin de la mécanique. En un peu plus d'une heure (sous les félicitations de mon aide de camp) je remonte le tout, remplissage du liquide compris, et …. Ouf pas une goutte ne s'échappe ! Je lance le moteur qui ronronne avec qq vibrations inhabituelles générées par le moyeux du ventilo déséquilibré sans ses pales.

On montera ce soir à l'observatoire avec Laïla (ils ne prennent pas les enfants de moins de 14ans normalement).

Eric nous accueilli avec : « cette visite, vous l'aurez méritée ! »

Et là , les amis, ce fût un voyage magnifique dans le temps et dans l'espace...

Nous avons voyagé de 6 minutes lumière à 120 millions d'années lumière. De Mars à Omega du Centaure en passant par Alpha du Centaure (4 années lumière, la plus proche de nos étoiles visibles).

Et seulement visible dans l'hémisphère sud : les fameux Nuages de Magellan, 2 galaxies énormes visibles à l’œil nu. Elles couvrent dans le ciel des espaces gros comme le pouce, à tel point qu'ils étonnèrent Magellan lors de son premier voyage dans le grand sud : « j'ai vu des nuages qui ne bougent pas dans le ciel même par grand vent».

Mais aussi des nébuleuses créatrices d'étoiles : ce sont leurs parties noires qui en sont le centre actif (Orion ou le Sac à Charbon par exemple), et une étoile naine blanche annonçant sa fin au noyau entouré d'un nébulosité nacrée. Notre soleil finira comme cela. Son extinction débutera dans 3 milliards d'années par une géante rouge qui avalera la Terre et Mars. On a bien le temps, quoi que...

Ce voyage nous porta aussi à 30 millions de milliards de km et nous laissa voir des amas d'étoiles : concentrations très resserrées de millions de ces astres : « il doit faire jour tout le temps et bien chaud dans ce coin » me dit Laïla émerveillée.


Lundi nous reprendrons la route en prenant garde de garder le thermomètre d'eau dans le vert en coupant le moteur s'il le faut. Mardi nous serons à La Serena chez IVECO pour acheter le ventilo. Je redémontrai alors à nouveau tout devant, radiateur compris pour le changer. Une telle opération me prendra 1/2 journée d'effort. Elle prendrait le même temps chez IVECO mais pas le même coût.

En attendant nous profiterons de Vicuna et demain dimanche ou ce soir nous reprendrons un tour pour un autre observatoire. Il faut que Flore puisse voir ce ciel !

A bientôt !

1 commentaire:

virginie a dit…

Ouahouuu le plein d'émotions !!!
merci pour ce long post
bises
virginie