dimanche 23 octobre 2011

Bolivie et Atacama

Bonjour à tous,

Autant le Brésil fût luxuriant par sa faune et sa flore autant la Bolivie fût époustouflante au sens propre car ici l'oxygène est rare. Nous avons passé plus de 10 jours à des altitudes élevées et plus particulièrement à partir de la ville de Potosi jusqu'à la frontière Chilienne au sud ouest du Lipiez nous ne sommes pas souvent descendus sous les 4000m et même montés à plus de 5000m.




Depuis le précédent spot sur ce superbe pays, que nous est-il arrivé ?

Nous avons donc quitté SUCRE (lire « sucré ») ville à la superbe architecture coloniale (même l’hôpital est remarquable, nous nous y sommes rendus pour une consultation , Sandrine souffrait d'une tourista carabinée qui l'a quittée aussi vite), la place principale était cependant le siège de manifestations maintenant affaire nationale pour les indigènes Tipnis. Sucre c'est aussi un très beau marché central épique aux couleurs et odeurs en Panavision. Les patates sont rouges ou vertes. On peut y trouver des fruits et légumes pour un prix dérisoire, les étalages de viandes et de volailles peuvent soulever le cœur ou faire sourire. Titouan remporte toujours de grands succès : blond aux yeux bleus oblige, mais lui se lasse (qq fois en criant voir en lançant son biberon de jus) des « que lindo » et des tripotages de cheveux continuels de la foule des femmes sous le charme... Pour papa nada , forcément la toison d'or m'a quitté !

Nous avons aussi quitté en taxi cette ville pour un petit aller-retour vers le pueblo de Tarabuco plus à l'est de Sucre. Son marché du dimanche est plébiscité dans les guides, mais fort de ce succès, les touristes y affluent que trop et les prix montent déraisonnablement. Après un repas « del dia » à 12 BOL (1,2€) soupe aux cacahuètes « caldo de manille » succulente et poulet au riz, nous décidons que nous irons finalement faire nos courses en vêtements typiques à La Paz ou ailleurs l'année prochaine... Car nous repasserons en Bolivie depuis le Perou.

Nous avons profité d'un des nombreux garages à Sucre pour faire la vidange des 10 000km de Pancar puis avant de quitter la ville, nous ferons une dernière ballade « en bande » avec les Tege et les Da Silva au parc des dinosaures. En effet il y a des millions d'années le soulèvement de la cordillère a placé à la verticale des plaques argileuses où ces habitants du crétacé ont laissé, sans détérioration depuis ces ages farouches, leurs empruntes géantes. Une mine à ciel ouvert les a révélées il y a peu. Les enfants ont apprécié ce voyage au milieu des reproductions à l’échelle 1:1 des stégosaures et surtout du géantosaure diplodocus, de quoi faire envie à Cuvier...

Nous avons ensuite pris la route de l'altitude pour grimper à 4000m vers la ville de Potosi. Afin de réduire les risques de MAM (Mal Aiguë des Montagnes) nous avons fait une étape dans le mignon village de Chaqui. La route entre Sucre et Potosi via Chaqui est magnifique , les couleurs du ciel et l'altiplano impressionnent. A Chaqui nous profitons de l’absence de touriste car la ville n'est sur aucun guide. Sandrine donne à deux familles locales, sans nul doute heureuses du cadeau, des vêtements trop petits maintenant. Puis nous prenons la direction des sources thermales (chaudes à 40°C) du village et occupées par les seuls boliviens. Nous y sommes accueillis très chaleureusement (les enfants sont des passepartouts) et mangeons après la baignade un repas "del dia" à nouveau succulent très copieux et ici pour seulement 1€ !

Sur cette route entre Sucre et Potosi, je craignais les maux de tête et les problèmes moteur. Un moteur comme chacun sait marche surtout avec de l'air et seulement qq goutes de carburant par tour. Sans le précieux premier, ajouté au froid, les démarrages matinaux sont crachotants et les côtes difficiles. Mais Pancar démarre souvent au premier tour de clef et roule sans augmenter trop sa consommation, ce qui nous étonnent tous agréablement ! Quand aux maux de tête : nada, tout le monde s'adapte parfaitement bien car nous montons en plusieurs jours, en douceur... Nous n'aurons donc pas besoin d'avaler du Diamox ou de mâcher la feuille de Coca comme le font les Andins !

Potosi est une ville à 4000m aux rues très étroites et nous devons rapidement trouver un lieu de bivouac. Nous irons donc dans la cours arrière d'un des nombreux hôtels. Nous irons aux Copacabana non par nostalgie mais surtout par nécessité c'est le seul dont le porche était assez haut pour Pancar. Nous pourrons profiter des toilettes et des douches chaudes et négocier « mano à mano » le lavage de nos vêtements. Un matin nous aurons la surprise de voir tomber qq flocons de neige, à Potosi à 4000m il fait très froid même si le ciel est souvent d'un bleu azur propre à ces altitudes. Sandrine n'a pas beaucoup aimé cette ville car polluée par les fumées noirs des bus, eux aussi à la recherche de cet air indispensable. Nous éviterons d'ailleurs de courir les premiers jours (ce qui n'est pas facile pour Flore). Laïla a aimé cette ville car nous y avons visité une mine d'argent impressionnante, exploitée comme au temps de Germinal. En combinaison et bardés de cadeaux pour les mineurs : pain de nitroglycérine, jus de fruits , cigarette et feuille de coca sont dans nos sac à dos. L'entrée de la mine est à 4300m, une épreuve en soit et la montagne culmine à 4800m ! Dès le début ambiance : trois mineurs courent poussant et tirant un chariot (genre « Indiana Jones et le temple maudit ») qui déraille régulièrement puis remis d'un coup de rein dans l’élan. On creuse au marteau piqueur pour 100 BOL (10€) de l'heure, une fortune pour la Bolivie. Les moins payés travaillent à l'extérieur de la mine. Si nous faisons la visite avec un masque, les mineurs sont exposés plus de 8hrs par jours aux poussières et aux gaz et terminent souvent leur vie à 45ans silicosés, il y a matière à relire sans rien changer certaines des Contemplations d'Hugo. Les filons sont exploités par les hommes des familles et toutes sont régies par une coopérative. Les femmes (sauf les guides touristiques) y sont interdites car apporteraient la jalousie de la Pachama (la déesse Terre). Il n'y a plus assez de minerais d'argent dans cette montagne pour intéresser les industriels aux moyens plus modernes plus humains. Mais d'autres montagnes alentours semblent regorger de ce précieux minerai qui sous les règnes passés des Rois d’Espagne en avait assuré la fortune en million de tonnes ! Nous visiterons la maison de la monnaie témoignage magnifique de cette époque où la Bolivie frappait la couronne ibérique en argent « puro ». Aujourd'hui c'est la France qui fabrique les billets boliviens et le Chili ses pièces. Je vous laisserai consulter les livres d'histoire sur le rêve de Bolivar et la grande Bolivie, mais ce pays a, au cours des guerres (Chaco, Pacifique...), perdu de grands territoires et même un accès à l'océan. Il y a toujours cependant une Marine Nationale sans pour autant un accès au liquide qui la supporte normalement (sauf le Titicaca) sic !

Nous laissons Potosi et perdrons qq centaines de mètres pour rejoindre la ville, plutôt le village, de Uyuni porte d'entrée du célèbre Salar du même nom : le plus grand désert de sel du monde. La piste qui mène à Uyuni est somptueuse à couper le souffle des plus blasés. Nous aurons à bord 2 jeunes Français Carole et Adrien pris en autostop à Potosi et qui feront des parties de Uno endiablées avec les enfants... Mais le dernier ripio en tôle ondulée de terre et de sable pour arriver au bourg fût une torture, les vis du frigo en sont tombées, pas le frigo heureusement. Nous y préparerons Pancar (achat de vivre et de 2 bidons de 20 litres de diesel en sus des 120 du réservoir et surtout la projection sous le châssis d'huile pour le protéger de l'agressif sel). Je regarde les cartes et mes points GPS, consulte les guides locaux qui me confirment que les points GPS ne servent que pour les îles et l'entrée, pour le Salar il faut suivre les traces des 4x4 des tours opérateurs. Je vais aussi parler avec les gardiens du Parc Edouardo pour l'après Salar : le Sud Lipiez. En effet avec Sandrine nous décidons de faire Salar plus Sud Lipiez sans retourner vers Uyuni mais à condition de prendre un guide touristique à bord de notre Pancar. Car la sortie sud du Salar semble difficile en véhicule non 4x4. Roberto nous accompagnera mais finalement seulement sur le Salar, lire la suite...

A l'entrée du Salar dans le petit village de Colchani , après une piste là encore en grosse tôle ondulée, nous sommes invités grâce à notre guide (Roberto n'avait pas encore de mauvais cotés) dans une fête locale. Vous nous verrez danser et manger du lama sur le diaporama et pourrez admirer les costumes aux robes criantes et ourlées des femmes fièrement ornées de broches d'or à leur sombrero "en melon"...

Mais en effet.

Après 2 nuits dans ce grand désert blanc, magique, nous croiserons nos amis Adrien et Marylène et leurs enfants et déciderons ensemble de nous rendre en suivant les indications de Roberto, vers l'île très peu fréquentée de Pui-Pui et y passer la dernière nuit. Il faut entendre par île : un îlot rocheux souvent couvert de roches fossiles témoins du corail de mer datant de l'époque où le Salar était l'océan pas encore Pacifique. Les 32 îles du Salar sont en majorités recouvertes de cactus géants, au milieu d'un océan blanc cela avait qq chose d'irréel ! Le Salar c'est dangereux car les abords des îles et l'entrée même du Salar sont boueux, des voitures y ont même été perdues. On y trouve des zones désignées par « Oros del Sal » (sorte de trous) où l'on peut facilement endommager Pancar. On peut y plonger une main et cueillir des cristaux parfaitement cubiques aux angles droits à la perfection et souvent d'un blanc tacheté de rouge : la couleur du fameux Lithium, objet d'un débat qui agite le gouvernement et les constructeurs de batterie asiatique. L'avenir du Salar ne serait plus au sel de cuisine le moins cher du globe (il y en a tellement) mais à la précieuse pile électrique. L'eau est froide et le sel corrode la peau... On y a tous attrapé de belles crevasses vites réparées à la vaseline en tube. Le Salar n'est pas si plat et si simple à parcourir. Les zones les plus solides sont marquées de grandes étendues d'hexagones d'un bon mètre carré bien dessiné. Laïla puis Flore se sont essayées à la conduite du Pancar. Laïla a conduit accélérateur au pied à bonne allure de 80km/h, Flore n'a tenu que le volant mais avec beaucoup de fierté. Les deux ont beaucoup aimé, Laïla a tout de même conduit près d'une demi heure. Mais c'est surtout la séance de photographies dite de « fausses perspectives » (voir diaporama) qui remporte la préférence. J'en ai profité pendant que Sandrine et les enfants se faisaient avalés par les dinosaures en plastiques pour pousser un court footing , seul et entouré de blanc j'étais revenu au Groenland !

Mais , nous avons donc eu un …. accident!

Pancar s'est « tanqué » à qq centaines de mètres de l'île Pui-Pui. Je roulais guidé par mon gps car nous ne suivions plus aucune trace, mais sous la bonne garde de Roberto notre guide local « in board » (Il dormait en effet avec nous dans Pancar). Roberto me dit que c'est tout bon, « continue tout droit » et hop ni une ni deux nous voilà embourbés sur tout le coté gauche. Adrien et Marylène qui nous suivaient ont fort heureusement échappé à la trappe gluante. Adrien retournera avec Roberto chercher de l'aide sur l'île centrale d'Incawashi (anciennement sur le parcours des Incas qui y ont plantés des cactus pour la repérer). Un guide et ses clients, puis un autre 4x4 complet de travailleurs Boliviens suffiront, mais non sans mal, à sortir Pancar de la boue salée (voir le diaporama). Juste à temps pour le couché du soleil. Les photos de la mésaventure parlent d'elles mêmes.

Sur ce, après une nuit à Incawashi nous déciderons de repasser par Uyuni, laver abondement Pancar et dire au revoir à notre guide.

L'esprit Zen est de prendre les choses comme elles viennent et de s'en réjouir, ce n'est pas toujours facile. Mais cette mésaventure aura aussi servi à notre grande Laïla à apprendre la ténacité et la force de l'entraide. Car il y a eu des peurs et des pleurs bien sûr. Quand à Sandrine elle creusa et poussa dans la joie...

De retour à Uyuni nous avons aussi pu finaliser le scenario pour solutionner définitivement notre problème de douane de Pancar avec Chris un patron d’hôtel immigré des USA ici. Je passe sur les détails mais tout c'est très bien passé. Car nous avons pu qq jours plus tard rentrer au Chili en payant une modique "multa"de 30€ à la douane Bolivienne sans doute la plus haute du monde à 5040m dans un coin perdu du Sud Lipiez.

Si le Salar est à voir, le Sud Lipiez est sans conteste celui qui remporte notre préférence. Sans doute parce que nous connaissions les grands déserts blancs (même si c'était de la neige).

Le Lipiez est indescriptible, les couleurs, les montagnes, les lac rouges rouilles gorgés de flamants roses et bordés de glace surplombés de volcans sous un ciel d'un bleu azur limpide, c'est magique !!

Quant aux fameuses pistes qui à lire tous les blogs sont réputées les plus difficiles du continent ou presque, pour nous : non... En tout cas pas celles que nous avons empruntées sur le trajet : Uyuni, Villa Alota (et sa superbe petite église) , Villa Mar (où nous avons fait ressouder une pièce moteur cassée par les vibrations et pu admirer les écoliers à 6h du mat à plus de 4000m jouer au foot, un pays de « Suerte »), Lagoa Collorada (le fameux lac rouge aux colonies de flamants roses) , Le Salar Caprani (pas sûr de l'orthographe, mais sûr de ses eaux chaudes : magique de se baigner à cette altitude dans des couleurs d'arc en ciel) , la douane à Pachetta (5040m une rigolade pour Pancar et les enfants, Titouan courrait même dans le couloir de la douane !) puis le Lagoa Verde au pied du grand volcan Likankabur (5900m) et enfin le Chili. La descente sur l'asphalte fût une épreuve car cette longue pente en ligne droite m'a fait perdre les freins ! Il a fallut changer le maître cylindre chez IVECO plus-tard à Salta en Argentine.

Ces presque 400km de piste d' Uyuni Bolivie à San Pedro de Atacama au Chili à travers le Sud Lipiez furent absolument HALLUCINANT ! Je vous propose de jeter un œil aux photos... Nous n'y avons pas randonné car le vent soufflait force 7 ! On y a même démonté une roue arrière sous la tempête de sable. Un galet s'était coincé entre les roues jumelées arrière gauche. Heureusement à l'aide de la visseuse à choc sur 12v on a fait vite avec Sandrine, mais le sable est rentré partout même dans la bouche !

Il est vrai que l'Atacama, l'altiplano Chilien, est le lieu où il pleut au plus (ou au mieux) 1 ou 2 jours par an. C'est l'un des désert les plus sec au monde d'où la limpidité du ciel si prisé pour les plus grands télescopes. Il possède qq joyaux comme la vallée de la Luna et la vallée de la Muerte (cette dernière nous l'avons fait à cheval car les dunes géantes de sable noir n’aiment pas les camping-cars). Mais notre préférence aura été vers le Geyser El Tatio et les thermes qui le précèdent, même si la piste pour s'y rendre fût une épreuve très difficile ! Le moteur manquait tellement d'air à 4300m que j'avais le turbo qui pompait « bang-bang » faisait-il sans la précieuse P0 et le moteur sans la suralimentation et sans puissance je l'ai cru longtemps en panne avant de réfléchir en discutant plus tard avec IVECO qui connaissait ce « bang » mais pas son origine. Nous avons dormi à El Tatio encore à plus de 4000m. Et au petit matin; paysage de début de monde: champ de geysers bouillonnants et fumeroles sur tout le plateau, « la terre parle aux terriens ». La piste tant à l'aller qu'au retour fut magnifique à l'image du Lipiez avec en sus un volcan fumant le jaune souffre en arrière plan de ce tableau irréel et une lagune marécageuse où des canards et des oies des andes et même des mouettes s'y reposaient (le Pacifique n'est qu'à moins de 500km) !

Voilà, nous allons quitter San Pedro de Atacama et prendre la route vers l'Argentine via un col à plus de 4000m « el Paso de Jama » que nous montrons en une journée , date de sortie du Pancar par la douane Chilienne oblige.

A bientôt dans le NOA : Nord Ouest Argentin !

Ol pour la famille

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